Fornicon
« J’étais le chauvinist pig, le macho. Je refusais la sentimentalité. Mais comme je considérais, depuis déjà tout jeune, les femmes comme des égales, comme des copines, j’avais un rapport d’égalité avec elles. J’aimais les filles américaines parce qu’elles étaient directes », confie Tomi Ungerer.
Conçu en 1966, Fornicon est un livre de satire érotique qui critique la sexualité mécanisée et robotisée. Il est lié à une réflexion sur cette époque où la libération des mœurs est devenue une revendication sociétale. Mais il en est surtout la satire. Ce sont des poupées Barbie désarticulées et assemblées en sex-machines dans les années 1960 qui ont servi de modèles à Tomi Ungerer. Les dessins sont exécutés à l’encre de Chine avec pour outil la plume et le pinceau. Certains de ces dessins, dont le côté monacal accentue la dureté du sujet, évoquent par leur graphisme linéaire et sans perspective, les dessins érotiques de l’illustrateur anglais Aubrey Beardsley. Cette satire de la sexualité moderne se caractérise par la représentation récurrente de mécanismes, d’objets, de rouages, qui sont confrontés à des corps humains. Elle est en lien avec l’activité de la famille Ungerer, horlogers spécialisés aussi dans la construction d’horloges astronomiques et de leurs automates. Les êtres humains associés aux objets et aux machines, un thème par ailleurs récurrent chez Tomi Ungerer, créent un univers infernal où n’existe plus aucune communication et où le slogan de l’époque « Jouir sans entraves » montre ses limites.