Le Penseur

1904
Auguste Rodin
rez-de-chaussée, salle Du corps, du nu et de la nudité
Auguste Rodin, Le Penseur, 1904, Photo : Mathieu Bertola – Musées de la Ville de Strasbourg

 

 

Dans la ville

Élève, puis assistant du sculpteur Carrier-Belleuse avec lequel il collabora à la décoration d’immeubles de 1864 à 1872 puis à la Manufacture de Sèvres, Rodin a été fortement marqué par un voyage en Italie effectué en 1876, où la découverte de la statuaire de Michel-Ange, de la puissante vitalité de ses formes mouvementées et distordues, fut une révélation. S’éloignant du naturalisme, il s’attacha à transcrire la réalité sensible à travers le pouvoir expressif du corps et du mouvement, manifestant un sens aigu du drame et de l’émotion. Son œuvre, en quête de la « vérité intérieure », témoigne d’une profonde humanité.

À l’origine, la figure du Penseur fut modelée pour la Porte de l’Enfer, un projet ambitieux de bas-relief en bronze que Rodin entreprit dès 1880 pour le futur musée des Arts décoratifs à Paris et qui demeura inachevé. Il y travailla vingt ans, tout en exploitant indépendamment certains de ses éléments. Dans le programme de la Porte, inspiré de L’Enfer de Dante, Le Penseur, figure centrale du tympan, représentait ainsi le poète lui-même. Mais dépourvu de tout attribut l’identifiant, dans une attitude empruntée à la typologie des « Mélancolies », emblème de l’artiste méditant sur son œuvre, le corps nu et athlétique acquiert une dimension universelle, symbolisant le pouvoir du créateur. Agrandie en 1902-1903, la sculpture, détachée de son contexte et réalisée en plusieurs exemplaires en plâtre et en bronze, devint l’œuvre la plus célèbre de Rodin.

Auguste Rodin, Le Penseur, 1904, Photo : Mathieu Bertola – Musées de la Ville de Strasbourg
Auguste Rodin, Le Penseur, 1904, Photo : Mathieu Bertola – Musées de la Ville de Strasbourg