Le Christ quittant le prétoire
Né à Strasbourg en 1832, Gustave Doré est l’un des grands illustrateurs du XIXe siècle. Il fut aussi un peintre plus méconnu. Considérant que sa peinture est injustement traitée en France, il accepte en 1868 la proposition des marchands d’art londoniens d’ouvrir une « Doré Gallery » où seraient exposés en permanence ses tableaux.
C’est ainsi que cette gigantesque peinture religieuse Le Christ quittant le prétoire, appelée aussi Le Praetorium devint le chef d’œuvre de la Doré Gallery avant de voyager dans toute l’Europe, jusqu’à son achat en 1998 par les Musées de la Ville de Strasbourg.
Cette œuvre monumentale montre un épisode peu traité, transformé ici en grande machine scénique digne des péplums à venir. Tous les personnages cités dans la Bible, de la condamnation à la crucifixion du Christ, se trouvent ainsi réunis. Placé parfaitement au centre du tableau et déjà blessé par la couronne d’épines, il se dirige vers la croix qu’il est condamné à porter jusqu’au mont Golgotha. Vêtu de blanc, Jésus semble irradier d’une douce lumière surnaturelle l’ensemble de cette scène. Il est aussi le seul parmi la multitude de personnages à tourner son regard vers le spectateur.
Cette œuvre est exemplaire de la peinture de Gustave Doré qui durant les quinze dernières années de sa vie, multiplie les paysages et les scènes religieuses. Elle frappe d’autant par l’ampleur de sa composition, par la vitalité émanant d’une foule grouillante et gesticulante, et par l’efficacité d’une mise en scène théâtrale et dramatique.