Dégorgeoir de moulin (Kléiekotzer)

Fin XVIIIe siècle
galerie des dégorgeoirs
Dégorgeoir de moulin (Kléiekotzer), fin 18e siècle, Photo : Mathieu Bertola – Musées de la Ville de Strasbourg

 

 

Dans la ville

Ces masques de bois, souvent rehaussés de couleurs vives, étaient fixés à la base des moulins artisanaux. Un système de conduit en tissu actionné par le mécanisme du moulin permet de tamiser le grain moulu. Ainsi, la production est triée : d’un côté la farine, recueillie dans la Mahlkìscht ou caisse à farine, de l’autre le son, généralement utilisé comme nourriture pour le bétail. Le dégorgeoir ou Kléiekotzer, littéralement « vomisseur de son », déverse le son par sa gueule béante et garde derrière lui la précieuse farine.

Par leur caractère effrayant, ces masques sont les gardiens du fruit du travail des paysans et du meunier, en éloignant les esprits malfaisants. Pour faire peur aux mauvais esprits, on utilisait soit leur propre image, soit ce qui fait peur aux paysans alsaciens d’alors. C’est pourquoi les figures des dégorgeoirs représentent l’étranger, des monstres de la mythologie antique, des militaires ou comme ici le diable.

Cette mesure de protection répond aux conséquences atroces de la contamination du pain, base de l’alimentation, par un champignon parasite des céréales, l’ergot de seigle ou Mueterkornpìlz. Celui-ci transmet une maladie mortelle, l’ergotisme, qui provoque hallucinations et pertes des membres et autrefois appelée « feu de saint Antoine » ou « mal des ardents ».

Dégorgeoir de moulin (Kléiekotzer), fin 18e siècle, Photo : Mathieu Bertola – Musées de la Ville de Strasbourg
Dégorgeoir de moulin (Kléiekotzer), fin 18e siècle, Photo : Mathieu Bertola – Musées de la Ville de Strasbourg