Musiciens et soldats

Vers 1626
Valentin de Boulogne
salle violette côté cour
Valentin de Boulogne, Musiciens et soldats, vers 1626, Photo : Mathieu Bertola, Musées de la Ville de Strasbourg

 

 

Dans la ville

C’est à Rome, vers 1626, que Valentin de Boulogne peint ces Musiciens et soldats. L’artiste français, comme nombre de ses pairs européens, s’installe dans cette ville mythique aux environs de 1611. Là, il peut donner la pleine mesure à son art et devient l’un des peintres majeurs de la seconde vague du caravagisme.

Cette œuvre, caractéristique de son répertoire profane, nous place au cœur d’une taverne et met en scène les plaisirs de la boisson, de la musique et de l’amour.  Le format du tableau est imposant comme celui des peintures d’histoire. Cette scène de genre en est ennoblie. Observez ces personnages à mi-corps. Notez cet éclairage contrasté et violent : il s’agit du fameux clair-obscur emblématique de la peinture du Caravage et de celle de ses disciples.

Le cadrage et la lumière sont ici mis au service du rendu psychologique des personnages. Chaque figure semble étrangement isolée, sans lien avec celles qui l’entourent. Le silence est là, au cœur de la poésie mélancolique de Valentin. Le violoniste que vous voyez sur la droite exprime parfaitement cette gravité. Là où tant d’artistes se limiteraient à restituer une scène banale, Valentin fuit l’anecdotique et explore avec finesse les états d’âme de ses personnages. C’est que la vie aventureuse évoquée dans ce tableau n’est pas éloignée de la sienne. Il vécut dans l’excès, fréquenta les prostituées. Et il mourut des suites d’un bain glacé dans une fontaine, après avoir trop bu, sans doute dans une taverne comme celle-ci.

Valentin de Boulogne, Musiciens et soldats, vers 1626, Photo : Mathieu Bertola, Musées de la Ville de Strasbourg
Valentin de Boulogne, Musiciens et soldats, vers 1626, Photo : Mathieu Bertola, Musées de la Ville de Strasbourg